PRÉSENTATION

BIOGRAPHIE

Karolann St-Amand est doctorante, photographe et autrice. Elle termine actuellement une thèse de doctorat à l’Université de Montréal sur la compagnie Carbone 14 et son développement d’une écriture scénique à la croisée de la danse, du mime et du théâtre. En parallèle, elle organise des expositions, des colloques et des ateliers de création un peu partout au Québec. Elle est aussi adjointe à la direction et responsable du rayonnement pour la revue Le Sabord. Sa pratique artistique, nourrie par la photographie argentique, la poésie et le zine, explore les liens entre nature et quotidien.

DÉMARCHE ARTISTIQUE

Karolann St-Amand développe une pratique parallèle en poésie et en photographie (argentique et polaroid), deux démarches étroitement liées qui cohabitent souvent au sein d’une même œuvre ou d’un même projet.

Elle documente son environnement, photographie et décrit les lieux dans lesquels elle évolue. Comme elle a souvent déménagé – une vingtaine de fois en trente ans – les lieux occupent une place significative dans sa vie et dans sa création. Elle photographie fréquemment des bâtiments : lignes, effets de lumière et couleurs l’attirent particulièrement. En rassemblant ces éléments, elle élabore ce qu’elle appelle des paysages urbains. Sa pratique témoigne d’un regard personnel sur ce qui l’entoure, tout en constituant des archives sensibles des espaces ayant jalonné son parcours.

Sa démarche correspond à un découpage photographique du quotidien, autant en poésie qu’en photographie. Inspirée par la déambulation, elle choisit un lieu, marche sans itinéraire précis, prend des notes et photographie son environnement – des ruelles montréalaises aux berges des rivières centricoises. La marche active sa sensibilité et ouvre un espace de réflexion : il s’agit de se laisser traverser par ce qui advient, d’inscrire le corps dans le lieu, et le lieu dans le corps.

En poésie, ses textes prennent souvent la forme de fragments en prose poétique. Ils s’ancrent dans les gestes simples, les espaces domestiques et les zones poreuses où intérieur et paysage se répondent. Attentifs aux variations de lumière et aux micro-événements du quotidien, ils laissent également affleurer, de manière discrète mais essentielle, l’intimité d’une relation amoureuse inscrite dans la nature et dans la maison : un espace de douceur, de vulnérabilité et d’affirmation où se déploie en filigrane une sensibilité queer. Les images y apparaissent comme des éclats de perception cherchant moins à décrire qu’à saisir l’entre-deux, ce moment suspendu où les frontières se brouillent et où le réel devient matière sensible. Cette sensibilité se retrouve également dans ses photographies.

De plus en plus, la pratique de Karolann s’inscrit dans les interstices, dans ces zones de passage où se rencontrent deux espaces. En photographie, elle explore ces frontières par la surimpression : deux images semblent y cohabiter, superposant paysages (urbains) et fragments de nature à travers les reflets pris dans les vitrines ou par une double exposition, réalisée à l’appareil argentique – ou, parfois, numériquement. Ces surimpressions traduisent les espaces seconds révélés par la déambulation : elles donnent forme aux strates invisibles des lieux, à ces mondes parallèles qui se tissent en filigrane de ses dérives.